Réunion des ministres de finances et gouverneurs des banques centrales
Kleinmond, Afrique du Sud, 17 novembre 2007
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Nous, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G20, avons tenu notre neuvième réunion à Kleinmond, Afrique du Sud, sous le thème « Partage - Influence, responsabilité et savoir ». Nous avons renouvelé notre engagement collectif à parvenir à une croissance équilibrée et durable et avons débattu des perspectives économiques et financières mondiales, des aspects financiers de la croissance et du développement des pays membres du G20, de questions stratégiques touchant les cycles des produits de base et la stabilité financière, et de la réforme des institutions issues des accords de Bretton Woods. Nous avons reconnu l'initiative intéressante réalisée en 2007 qui visait à mieux faire comprendre, au sein de notre forum, certains des enjeux stratégiques, économiques et financiers qui existent en Afrique.
Perspectives mondiales
Les membres du G20 se sont réjouis de l'expansion vigoureuse de l'économie mondiale qui s'est poursuivie au premier semestre de 2007, mais ils ont noté que la perturbation récente des marchés financiers a engendré des risques de ralentissement à court terme. Nous avons été heureux de constater la capacité d'adaptation des marchés en émergence et des autres pays en développement au cours de la turbulence qui a eu lieu récemment. Si le ralentissement probable de l'expansion économique mondiale est censé être modeste, son ampleur et sa durée demeurent difficiles à prévoir. Bien que la cadence ralentie de la croissance atténue vraisemblablement les pressions qui pèsent sur la capacité et les ressources, les cours en hausse de l'énergie et des aliments continueront d'influencer fortement à la hausse les cours en général. Les autorités monétaires des pays du G20 devront évaluer soigneusement les perspectives d'inflation en tenant compte des conditions serrées sur les marchés des produits de base et des risques négatifs pour la croissance. Nous avons également reconnu que la correction ordonnée des déséquilibres planétaires, même si elle favorise la croissance mondiale, est une responsabilité commune qui appelle des mesures visant à accroître l'épargne nationale aux États-Unis, y compris la consolidation continue de la situation financière; l'avancement des réformes favorables à la croissance en Europe; de nouvelles réformes structurelles et la consolidation de la situation financière au Japon; des réformes visant à hausser la demande intérieure sur les marchés émergents de l'Asie, conjuguées à l'assouplissement des taux de change dans plusieurs pays qui ont réalisé un excédent; l'accroissement des dépenses d'après la capacité d'absorption et la stabilité macroéconomique dans les pays producteurs de pétrole. Nous avons également souligné la nécessité de réagir aux pressions grandissantes qui pèsent sur les dépenses liées à la santé, à la sécurité sociale et à l'infrastructure.
Les perturbations récentes sur les marchés financiers ont mis en évidence l'importance de solides politiques macroéconomiques et budgétaires et d'une vigilance soutenue. Bien que les priorités stratégiques immédiates aient privilégié le rétablissement et le maintien de l'ordre sur les marchés financiers, nous sommes d'avis que les événements récents ont fait ressortir la nécessité d'accroître l'efficacité de la surveillance financière et de la gestion des risques financiers aussi bien que la transparence des intermédiaires financiers. La nature de l'agitation récente nous porte également à croire à la possibilité d'en tirer d'importants enseignements qui nous permettront de comprendre l'origine des crises, le mode de transmission des chocs financiers ainsi que les rôles respectifs des organismes de réglementation, des agences de notation du crédit, du secteur privé et du milieu financier international. Nous nous sommes entendus pour poursuivre nos travaux au cours de l'année qui vient afin de mieux comprendre ces questions et leur application aux membres du G20.
Nous avons pris note des défis à relever à moyen terme pour assurer la prospérité mondiale, dont le changement climatique, la sécurité énergétique et le protectionnisme. Nous avons réaffirmé notre engagement à maintenir des systèmes de commerce et d'investissement ouverts et à résister aux pressions protectionnistes. Nous avons résolu de collaborer avec nos organismes de réglementation du commerce afin de conclure rapidement et avec succès le cycle de Doha, de promouvoir des systèmes de commerce et d'investissement ouverts et fondés sur des règles, d'améliorer la productivité, de créer de l'emploi, de soulager la pauvreté et de stimuler la concurrence. Nous avons noté l'importance critique de la libéralisation du commerce et de l'Aide pour le commerce comme moyens de réduire la pauvreté dans le monde.
Nous avons discuté des conséquences économiques du changement climatique. Nous avons noté le rapport entre celui-ci et des objectifs économiques de première importance et pris connaissance des discussions en cours dans d'autres forums sur la réaction stratégique internationale au changement climatique. Nous avons convenu que le G20 est à même de jouer un rôle important dans le débat.
Éléments financiers de la croissance et du développement
De solides politiques budgétaires sont indispensables à une croissance économique et à un développement robustes et équitables. Elles influent sur le cycle économique en réduisant au minimum les écarts de production et en régularisant et en soutenant la croissance économique à long terme. Nous avons aussi discuté de l'importance d'aménager et de maintenir de l'espace financier afin de réaliser les objectifs énoncés dans l'Accord du G20 sur la croissance soutenue, grâce à la capacité de financer l'infrastructure économique et sociale nécessaire à la promotion de la croissance et du développement et à la diminution de la pauvreté. Par ailleurs, de solides politiques budgétaires seront garantes de l'utilisation optimale de l'aide accrue fournie, notamment celle qui touche les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Nous avons également réfléchi au point d'équilibre entre la politique budgétaire en tant qu'instrument macroéconomique anticyclique et les meilleurs moyens de dégager de l'espace financier à long terme afin de financer le développement social et économique. Nous nous sommes penchés sur les conséquences macroéconomiques du dégagement d'espace financier, de la régulation anticyclique de la demande globale et du recours à des règles financières, et nous avons fait ressortir l'importance d'un cadre budgétaire robuste à moyen et à long terme pour l'aménagement et le maintien d'espace financier. Nous avons résolu d'examiner la façon optimale d'adapter ces enseignements de l'expérience commune à nos pays membres en vue de dégager de l'espace financier et d'en faire un usage davantage efficace. Par ailleurs, l'espace financier nous procure un principe fondamental d'organisation présidant à la rationalisation des programmes de dépenses et à la répartition efficiente des dépenses. Les discussions tenues par le G20 en 2007 ont porté principalement sur la façon dont l'activité d'aménagement d'espace financier complète et facilite l'optimisation des résultats et la répartition des dépenses. Nous avons convenu d'approfondir l'évaluation des mécanismes qui favorisent l'efficience et l'efficacité des dépenses de l'État.
Nous avons constaté qu'il y a plusieurs facteurs importants à prendre en compte dans la détermination et l'aménagement de l'espace financier, y compris la conception de cadres budgétaires efficaces à moyen terme et les bases institutionnelles de la budgétisation nationale réussie, et nous avons noté que la coordination des dépenses des divers ordres de gouvernement peut avoir de l'importance pour la cohérence globale des efforts de dégagement d'espace financier. Nous avons aussi insisté sur le rôle important que peut jouer la budgétisation à long terme - ou intergénérationnelle - en faveur de la coordination des politiques de revenus et de dépenses et de l'obtention des ressources nécessaires pour défendre des enjeux à long terme, notamment ceux du changement démographique, du changement climatique et des infrastructures. De plus, nous avons convenu de l'importance capitale d'un éventail de services publics aux fins du développement économique, par exemple l'aménagement d'une infrastructure sociale et économique, l'établissement d'institutions, la mise en valeur du capital humain et le perfectionnement des compétences, et nous nous sommes entendus sur l'utilité de recenser davantage ces besoins, les avantages d'y investir, ainsi que les moyens les plus efficaces de mettre en oeuvre des politiques et de trouver des solutions institutionnelles nécessaires pour y parvenir. Nous avons convenu de poursuivre nos échanges à ce propos l'an prochain, en mettant l'accent sur la qualité et l'efficience des dépenses gouvernementales, la stabilité macroéconomique et le degré d'endettement tolérable, de même qu'en évaluant le rôle de politiques budgétaires anticycliques comme facteurs de stabilisation et de soutien de la croissance.
Cycles des produits de base et stabilité financière
Nous avons discuté d'un éventail de questions stratégiques se rapportant aux cycles des produits de base et à la stabilité financière, et nous nous sommes concentrés récemment sur les nouveaux développements sur les marchés, surtout celui de l'énergie. Nous avons de nouveau convenu, comme en 2006, que des marchés fonctionnels favorisent l'investissement dans l'offre nouvelle, engendrent l'efficience et des technologies nouvelles, encouragent le recours à des sources d'énergie renouvelables et économiques et permettent la libre circulation internationale du savoir et des ressources. Nous avons reconnu le besoin de discussions soutenues et approfondies entre producteurs et consommateurs et pris note des Perspectives énergétiques mondiales les plus récentes de l'Association internationale de l'énergie. Les prix des produits de base se sont accrus considérablement dans la décennie en cours. Par ailleurs, les mêmes produits sont devenus une catégorie de biens nouvelle et importante. Il existe une grande marge de manouvre pour aménager des marchés de nouveaux produits de base en mettant à profit des instruments susceptibles d'en hausser la liquidité, compte tenu de la croissance et de l'extension de la participation. Les investisseurs non commerciaux ont afflué vers les marchés des produits de base, si bien que leur profondeur et leur liquidité ainsi que la détermination des prix s'en trouvent améliorées.
La volatilité du cours des produits de base risque de provoquer de violents chocs des termes de l'échange qui se répercuteront fortement sur le rendement macroéconomique des pays touchés, notamment la balance des paiements, la situation budgétaire, la gestion des liquidités, les cours des biens et la politique monétaire. Nous avons insisté sur l'importance de solides politiques macroéconomiques pour modérer et gérer les effets de pareille volatilité, et nous avons noté que celle-ci peut parfois miner la stabilité d'un système financier. Nous attendons avec intérêt que le FMI se penche sur les pratiques exemplaires de subvention des combustibles fossiles. D'autre part, nous avons reconnu l'importance de marchés fonctionnels pour les produits de base, reposant sur de bons principes de gouvernance et de transparence afin de gérer les booms du secteur des ressources naturelles. Des cadres institutionnels et des directives stratégiques appropriés pour la gestion des industries extractives peuvent constituer des moyens décisifs d'améliorer l'adaptation de la budgétisation et de l'investissement à la volatilité des cours des produits de base. À titre d'exemple, nous avons encouragé une participation large et volontaire à l'Initiative de transparence des industries extractives (ITIE).
Nous avons réaffirmé notre appui de la Joint Oil Data Initiative et nous attendons avec intérêt l'extension et l'approfondissement du projet.
Nous avons, en outre, pris note du recours à des fonds d'investissement souverains (FIS) pour limiter le caractère procyclique des revenus axés sur les produits de base, et nous avons discuté plus généralement du problème qui consiste à assurer que les fonds en question servent le mieux possible aux fins pour lesquelles ils ont été pourvus. La coordination des dépenses des fonds et des politiques budgétaires et monétaires est également nécessaire. Nous avons reconnu que les FIS gagnent en importance en tant que participants au système financier international et que l'ouverture aux mouvements de capitaux en provenance des fonds peut profiter à nos économies. Cependant, nous serions reconnaissants d'en apprendre davantage sur l'expérience des fonds que possèdent les pays membres et de connaître leurs points de vue nuancés sur la question. Nous avons constaté l'analyse faite par le FMI et la Banque mondiale à l'intention des investisseurs et des bénéficiaires des mouvements de capitaux susmentionnés, y compris la tenue d'une discussion sur la reconnaissance des pratiques exemplaires.
Les opérations de couverture sont parfois un bon moyen de limiter la volatilité des revenus des produits de base que touchent particuliers et gouvernements. Nous avons noté que tant les agents publics que les agents privés ont encore la possibilité de profiter d'un important potentiel offert par les stratégies de couverture. Par contre, les avantages offerts doivent être mesurés en regard des risques et des défis que présentent les fonds de couverture, dont leur faible liquidité sur le marché, leur coût élevé, l'important risque de contrepartie qui les accompagne et l'insuffisance des compétences spécialisées en finances. Nous avons convenu de la nécessité de mieux renseigner, dans les pays du G-20, les décideurs tant du secteur public que du secteur privé afin de promouvoir davantage le recours aux stratégies de couverture.
Nous avons, par ailleurs, discuté du potentiel économique des biocombustibles et des technologies propres, et de leurs rapports avec la croissance du PIB, la production de revenus, la création d'emplois, la réduction des émissions et les prix des aliments, et nous nous sommes entendus sur les avantages à tirer d'un examen approfondi des liens entre eux pour la période à venir.
Nous avons pris appui sur la Déclaration du G20 sur la réforme des institutions issues des accords de Bretton Woods de 2005 et donné suite aux travaux que nous avons effectués en 2006 pour réaffirmer notre engagement à renforcer la crédibilité, l'efficacité et la légitimité du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Le G20 a marqué de nouveaux progrès en 2007 en contribuant aux efforts engagés par le FMI pour trouver une solution à la deuxième étape de la réforme des quotes-parts et des voix exprimées du Fonds. Nous avons été heureux de constater que les efforts déployés en 2007 par le présent forum ont contribué à la convergence des points de vue des membres du FMI. Nous avons réaffirmé que la réforme devrait augmenter la représentation des économies dynamiques, bon nombre étant des économies de marché en émergence dont le poids et le rôle dans l'économie mondiale ont gagné en importance. Nous avons aussi renouvelé notre engagement à poursuivre nos échanges afin d'en venir à un consensus dans les délais fixés par les gouverneurs en 2006. Nous encourageons le conseil d'administration à poursuivre ses efforts pour parvenir à une entente sur toutes les composantes du programme d'ici au printemps 2008.
Nous avons aussi pris note des progrès réalisés pour les autres questions de politique et de gouvernance interne soulevées dans la Déclaration du G20 sur la réforme des institutions issues des accords de Bretton Woods de 2005, notamment l'adoption par le FMI de la Décision de 2007 concernant la surveillance bilatérale des politiques des membres ainsi que les progrès accomplis dans la mise au point du cadre d'élaboration d'un modèle de revenu du Fonds. L'adoption d'un modèle de revenu et de nouvelles compressions des dépenses grâce à l'établissement de priorités à l'échelon du FMI, deux initiatives qui devraient se poursuivre simultanément, pourraient lui procurer une situation financière durable. Nous espérons que des progrès semblables seront réalisés dans l'élaboration d'un nouveau mécanisme de liquidité. Nous avons été réjouis d'apprendre que le FMI a obtenu suffisamment d'engagements financiers de la part des pays membres pour pouvoir alléger la dette du Libéria. Nous envisageons favorablement les mesures prises par la Banque mondiale pour relever les défis de la réforme de la gouvernance interne. Nous faisons aussi bon accueil aux efforts précoces du nouveau président, qui cherche à fixer l'orientation stratégique intégrée de la Banque, et nous envisageons avec plaisir de collaborer à l'élaboration du cadre prévu à cette fin. De plus, nous voyons d'un bon oil les efforts continus que la Banque engage pour améliorer la participation et la représentation parmi ses membres des marchés en émergence et des pays en développement. Ces efforts devraient faire partie du cadre stratégique. Dans les limites de ce cadre, nous incitons la Banque à continuer à promouvoir les prêts consentis dans la monnaie des pays afin de donner un essor aux marchés intérieurs des capitaux et d'améliorer ainsi la gestion des dettes.
Nous avons réaffirmé la position prise dans notre déclaration de novembre 2007, à savoir que la sélection des cadres supérieurs du FMI et de la Banque mondiale soit fondée sur le mérite et assure une représentation large de tous les pays membres. De plus, nous avons incité les parties intéressées à perfectionner le processus de sélection du directeur général du FMI et du président de la Banque mondiale. Nous avons renouvelé notre engagement ferme à continuer à contribuer aux efforts de réforme des deux institutions.
Nous avons souligné de nouveau l'importance de l'Accord du G20 sur la croissance soutenue, adopté en 2004, et nous avons poursuivi notre tradition de nous livrer à des discussions approfondies et franches et de faire connaître l'expérience de la croissance durable acquise par certains pays. Nous avons fait valoir la grande utilité des connaissances et de l'expérience communiquées en notre milieu comme moyens de parvenir à de solides politiques macroéconomiques à l'appui de la croissance économique durable et avons répété que chaque pays doit choisir la formule de développement et les politiques correspondantes qui répondent le mieux à ses besoins, conformément à ses responsabilités internationales. Le programme de réforme du G20 ci-joint décrit nos priorités stratégiques.
Nous avons félicité le président de la Banque mondiale et le directeur général du FMI, qui ont tous deux assumé leurs nouvelles responsabilités ces derniers mois, et leur avons offert notre appui.
Nous avons remercié nos hôtes sud-africains d'avoir présidé la réunion de 2007 du G20 ainsi que le Brésil qui a bien voulu assurer la présidence en 2008. Nous avons convenu que le Royaume-Uni présiderait la réunion de 2009.